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La famille BERTHELOT vit à la Brousse, en Charente Maritime. Durant l'année 1863, François, veuf de 57 ans a épousé Marguerite DAUVIGNAC, veuve aussi (2 fois).
Le couple est confortablement installé, d'autant que Marguerite a elle aussi de nombreux biens.
D'ailleurs, 5 ans après leur mariage, Marguerite a déjà envisagé certains arrangements avec des cousins de son époux à qui elle a proposé contre un apport financier de 2 000 frcs et des biens mobiliers dont ils hériteront à son décès, une contrepartie (blé, haricots, vin, graisse, lard, bois) en quantité importante.
Jean BERTHELOT et Marie PORTRAIT, son épouse, ont pris le temps d'y réfléchir. Les temps sont durs parfois pour ce couple de 40 ans qui a la charge de 4 enfants. Il se pourrait qu'ils ne puissent honorer leur contrepartie. Ils ont cependant signé l'accord. Les années suivantes n'ont pas toutes été faciles. Mais Marguerite DAUVIGNAC a été tolérante et elle a accepté de repousser les échéances.
François BERTHELOT, né le 27 octobre 1806, est brusquement frappé par la maladie. Un sale coup du sort qui le laisse paralysé d'un côté. Mais Marguerite DAUVIGNAC peut compter sur ses proches et ses voisins qui, tour à tour, l'aident pour les repas, la toilette ou le coucher de son époux. Marguerite DAUVIGNAC est née le 14 Novembre 1806. Ils ont tous les deux 66 ans et une seconde attaque va terrasser François dans la cour de la maison, en ce jour d'avril 1873.
thème de Marguerite DAUVIGNAC
Encore une fois, ce sont les voisins qui viennent au secours de Marguerite pour ramener le vieil homme qui dit souffrir du dos. Le médecin venu ne prévoit rien de positif pour la suite. Il craint même que l'attaque suivante soit la dernière.
Marguerite n'est pas tranquille. Elle a bien compris que son époux était mal en point mais on inquiétude est toute autre. Elle vient de se rendre compte qu'elle a fait boire un drôle de liquide à son époux. Ce liquide dont une goutte est tombée sur son gilet l'a brûlé sur la largeur d'une phalange. Une lueur s'en échappe.
Affolée, elle en parle à leur gendre : Jean GUICHARD qui suppose que c'est Marguerite elle-même en touchant aux allumettes pour la chandelle qui a dû faire ce dépôt de souffre. Son petit fils : Eugène GRAVOUIL pense alors se rendre chez le médecin mais tous sont d'avis qu'il serait inutile désormais de le faire venir. Cependant, en constatant le dépôt blanchâtre dans le fond de la tasse utilisée, ils s'assurent que cela ne vient pas du sucre. Le phénomène va se reproduire une nouvelle fois et les amis du vieil homme sont inquiets. Son état de santé s'altère de jour en jour. Ses souffrances sont grandes. Le 4 mai 1873, François BERTHELOT décède.
Les voisins qui se chargent de faire la toilette du défunt remarqueront bien qu'une odeur de phosphore s'échappe de la bouche du mort mais personne ne prend le risque d'émettre la moindre idée sur le sujet.
Une semaine plus tard, Marie PORTRAIT, apporte à Marguerite un plat nourrissant et en attendant qu'elle se lève, la mère de famille fait un peu de ménage dans la cuisine de la vieille femme. À Midi, Marguerite enchantée d'avoir un peu de compagnie, invite Marie à partager son repas. Après le repas, Marguerite sert un verre de vin et le porte à sa bouche. Elle le recrache immédiatement tant le goût est insupportable. Au fond du verre, elle aperçoit un dépôt qui lui rappelle un bien mauvais souvenir. Le vin doit être trop vieux, dira-t-elle.
Mais après le départ de la "cousine", Marguerite se rend chez son voisin avec le verre. Jean REGNER après l'avoir écoutée avec attention observe la substance blanchâtre qui fume au bout de son doigt désormais. Sans attendre, il demande à la vieille dame de se rendre à la gendarmerie pour porter plainte.
L'affaire restera sans suite.
Les semaines et les mois passent. Marguerite ignore que dans son dos, le "cousin BERTHELOT" raconte à qui veut l'entendre qu'après le vieux François ce serait bien que la veuve le suive à son tour dans le trou et qu'ils en soient débarrassés.
Marguerite a déjà failli tomber de son échelle dont un des barreaux a été scié. Elle ne s'est pas inquiétée plus que cela.
Le 2 Octobre 1873, elle doit se rendre chez les cousins BERTHELOT pour ramasser et récupérer une partie du bois qui lui est dû. La veille, elle fait le service à l'auberge de Joseph PERRIER, à Matha. Elle y dort avant de prendre le chemin des Abellins, après le petit déjeuner. Avant de quitter l'auberge, elle a bien demandé à ce qu'on l'accompagne là-bas mais personne n'est disponible et tous pensent qu'il s'agit d'une crainte déraisonnable.
C'est donc à contre-coeur qu'elle se rend là-bas mais vite rassurée par la présence d'autres voisins dans la cour, elle charge le bois qui lui est dû. Elle accepte également l'invitation des cousins à déjeuner avec eux et se rend dans le chai où elle doit prendre quelques petites bottes de paille alors que les voisins sont installés non loin sous un noyer.
À peine a-t-elle franchi le seuil qu'on entend un bruit sourd et des cris : "À moi, À moi, À l'assassin"
La stupéfaction passée, le plus proche voisin, Pierre RICHARD, s'avance vers le chai mais il entend clairement que le verrou vient d'y être mis.
Raymond BERTHELOT, le fils de la maison, entre à ce moment par la porte de la maison. Après avoir longé le couloir, il aperçoit ses parents qu'il rejoint sur le lieu du drame. La vieille femme est assise sur le sol, soutenue par sa mère : Marie PORTRAIT qui l'envoie chercher un verre d'eau-de-vie.
C'est son père, François BERTHELOT qui lui raconte comment un énorme morceau de frêne est tombé sur la tête de Marguerite....mais qu'il ferait mieux d'aller nourrir la jument. Ce qu'il fit. Vingt bonnes minutes plus tard, il retourne chez ses parents et quand la porte du chai s'ouvre, il est blême et annonce : "il y a eu un accident" ; d'un pas lent et mal assuré, il part chez le maire. Ce n'est que le lendemain que le médecin fera son office. Les quelques marques qui sont apparentes sur le corps et le visage de la vieille femme sont, sans nul doute, à imputer à l'arbre. Monsieur le maire attestera que Marguerite vivait en bonne intelligence avec ses parents et voisins. Le certificat de décès est signé. L'inhumation a lieu.
Mais il semble bien que tous les villageois ne sont pas de cet avis. On témoigne qu'on leur a proposé de scier les rollons de l'échelle, on raconte que Jean BERTHELOT voulait trouver le moyen de se débarrasser de cette vieille femme. Les gendarmes mènent alors une enquête. Interrogés séparément les époux BERTHELOT se contredisent sur leurs agissements, leurs déplacements ; ils sont également en contradiction avec les témoins de ce jour-là.
Devant tant de contradictions et le manque d'aveux, le Juge exigera alors une autopsie du corps de l'époux de la défunte. Par chance, ce corps est en bon état pour permettre les analyses réclamées. Le résultat est formel : le corps contient du phosphore, la terre qui entoure le cercueil est indemne de cette substance.
Les témoignages sont nombreux et précis prouvant que les deux couples vivaient des tensions.
Le 28 mai 1874, un procès s'ouvre. La femme PORTRAIT est tenace. Elle n'avoue pas. Son mari nie toute implication dans l'empoisonnement. Le procès dure 3 jours. Les jurés rendent un verdict après une courte délibération. Ils ont accordé des circonstances atténuantes pour le meurtre de Marguerite DAUVIGNAC qui leur permettent d'éviter la peine de mort. Ce sera les travaux forcés à perpétuité.
Il embarque le 4 Décembre 1874 pour la Nouvelle Calédonie. Il y meurt 4 mois plus tard.
Bonne Lecture,
isalucy23@orange.fr
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