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TOURS, le 22 mars 1914,
le Parquet de CHINON a été informé que la Police mobile a arrêté à LISIEUX, un certain Robert PORET, originaire de LISIEUX et âgé de 14 ans, pour le meurtre de Maxime GISORS, un jeune encaisseur de 16 ans, originaire de LANGEAIS, retrouvé pendu après avoir été dévalisé et molesté, près de St PATRICE, sur la route de MAZIÈRES, le 17 mars.
Maurice DOUCET quant à lui, court toujours. Il était arrivé à LISIEUX aux alentours du 14 mars, habillé d'un uniforme d'officier subtilisé à son frère lieutenant d'infanterie, prit une chambre d'hôtel dans laquelle il se changea.
Après avoir loué deux bicyclettes, DOUCET et PORET partirent en direction de LANGEAIS.
Selon le jeune PORET, ce serait par hasard qu'ils auraient fait la connaissance de l'encaisseur. Mais l'on sait qu'il n'en est pas à son premier vol. Il s'est déjà rendu coupable chez son employeur : M. MARIE, huissier à LISIEUX, de falsification de traites encaissées à son ordre.
Après le crime -auquel PORET prétend ne pas avoir participé- ils se sont rendus à TOURS puis PARIS où DOUCET se serait offert un costume neuf.
PORET aurait regagné LISIEUX avec en poche la somme de 150 frcs pour lui et 100 frcs pour la maîtresse de DOUCET : Berthe CONGUET, la fille de son patron, à qui, il relata les détails de leur voyage.
Maurice DOUCET à cette heure est dans la nature avec un millier de francs en poche.
Son père est mort en 1905 sa mère, Marie Désirée, bordeuse de chaussures, bientôt la cinquantaine, a bénéficié des larcins de son fils ; décrite comme "une ivrognesse" elle est également emprisonnée et est séparée du plus jeune de ses enfants : Jean Bernard qui n'a que 13 ans.
20 Juin 1914 - Procès à TOURS
Ce premier procès ne traite que du meurtre du jeune encaisseur.
D'autres comparutions suivront pour les traites dérobées, pour un cambriolage à LISIEUX, devant un Jury du CALVADOS.
Devant l'assistance, Maurice DOUCET comparaît pour meurtre prémédité avec guet-apens suivi de vol ; il fait étalage de forfanterie, de cynisme, alors que son avocat s'apprête à plaider :
"je n'ai point besoin qu'on me défende. Qu'on me condamne tout de suite ! Tout cela c'est de la blague."
Vertement, son avocat l'a repris, le menaçant même d'expulsion s'il lui reprenait l'envie de se manifester.
Mais malgré les bonnes intentions de cet émissaire....Le Procureur a réclamé la peine capitale.
DOUCET a pris la parole une dernière fois pour laver du meurtre son complice : "C'est moi le seul coupable. Je réclame la peine de mort car je l'ai bien méritée"
Pour le profiteur du crime : Louis CONGUET : une peine sévère de 10 ans de Travaux Forcés.
Pour le jeune Robert PORET, défendu par Me GRIGON qui insiste sur la jeunesse du prévenu, ce sera 20 ans..... 20 ans d'enfermement dans une colonie correctionnelle pénitentiaire pour complicité de meurtre
Pour recel, sa mère prend 5 ans, la maîtresse de DOUCET également.
Le Jury n'a accepté aucune circonstance atténuante
Alors que la Cour annonce que l'exécution se tiendra en place publique, à TOURS, DOUCET réclame que son exécution ait lieu à Cinq-Mars où vivent ses parents. Le juge lui réplique qu'il n'a plus la parole. DOUCET insiste : "Je m'en fous, je la prendrai quand même...."
PORET est incarcéré le 11 juillet 1914 à Eysses (Lot et Garonne) sous le Matricule 3495 ; il devra comparaître dans le CALVADOS pour les autres méfaits.
Maurice DOUCET est exécuté à TOURS, le 17 juillet 1914. (acte 1041)
La mère de PORET meurt en 1922.
DOUCET Maurice Lucien Adolphe était clerc de notaire ; il était né le 4 mai 1889 à 1 h du matin aux Hermites (37 -Indre et Loire)
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Libéré en mai 1931, PORET revient à Lisieux, rencontre Antoinette BANSE et l'épouse en août 1932 ; sa fille Marie Louise (dite Marie Lou) va naître en mai de l'année suivante.
Il sera chauffeur de cars
Son épouse meurt en 1965, 6 ans après le mariage de sa fille.
En 2020, un livre : Mauvaise graine... a été édité sur son histoire.
Bonne Lecture,
Évelyne LUCAS
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