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À Mareuil-sur-Lay, en VENDÉE, le 21 février 1938, le cantonnier commence sa journée par un petit tour dans l'estaminet de la Veuve JAHAN, Célina GENDRONNAUD, en face de la beurrerie. Avec son accord, il y range ses outils dans une remise derrière.
Ce matin-là, le choc est rude. En poussant la porte du café, au milieu de la pièce centrale, le corps de Célina, 66 ans, gît dans une mare de sang. Sa tête est abominablement massacrée.
Célina GENDRONNAUD est née le 11 décembre 1871 (6 h) à Mareuil-sur-Lay (85)
Elle s'était mariée à JAHAN Armand Félix en avril 1893
Xavier MONTEIL court jusqu'au bourg de MAREUIL éloigné de plus d'un kilomètre, pour avertir les autorités. Le médecin accourt auprès de la victime mais il ne peut plus rien pour la vieille femme.
Les gendarmes, eux, arriveront en milieu de matinée et commenceront leurs investigations. Le motif du crime semble clair : vol. La caisse est ouverte et débarrassée de son contenu. Les meubles dont les portes sont restées grandes ouvertes, ont été fouillés.
Selon les premiers témoignages, un homme suspect rôdait autour de l'établissement la veille au soir.
Les soupçons se portent sur les ouvriers du chantier de réfection de la route qui travaillent depuis quelques jours devant le commerce. Le chef de chantier justement a relevé que l'un de ses employés ne s'est pas présenté à son travail. Il aurait donné son congé dimanche soir alors qu'il logeait à l'hôtel de Mareuil, chez M. THIBAUDEAU. Des clients de Célina GENDRONNAUD racontent l'avoir vu et certains assurent avoir pris un verre avec lui, la veille au soir.
Les habitants de Mareuil-sur-Lay se sont rassemblés et déjà une chasse à l'homme est engagée.
Les gendarmes de Luçon, prévenus, procèdent à des contrôles d'identité dans les bars et établissements à 10 kms de là.
Et c'est bien là, que le mécanicien, Gabriel BOCQUIER dit Gaby est retrouvé et interrogé.
Il n'a pas encore 31 ans. Il a été marié, divorcé de son épouse depuis un an, il est le père de 3 enfants. Sans domicile fixe, il travaille par-ci, par-là, au gré de son humeur quand il a dépensé tous ses revenus dans la boisson. Car son problème est là. Il est alcoolique.
Gabriel Hippolyte Georges BOCQUIER dit Gaby est né le 3 mai 1907 (3 h ) à la Jonchère (85)Transféré à Mareuil-sur-Lay, il est conduit près de la dépouille de la vieille femme, la victime. La vision de ce corps saccagé fait son effet. L'homme chancelle et avoue rapidement son forfait.
L'homme né à la Jonchère (85) en 1907, un ancien soldat, sous-officier d'un régiment d'artillerie basé à NANTES, rétrogradé pour alcoolisme, prétend qu'il entretenait des relations avec la femme en question. Il assure que ce fameux soir, elle l'a repoussé, refusant ses avances et qu'il ne l'a pas accepté. Rendu fou, il se serait saisi d'un morceau de bois et il l'aurait frappé sur la tête et sur le corps. Tombée à terre, il se serait jeté sur elle et l'aurait étranglée.
Les propos choquent. Comment cette vieille femme honorable à la réputation indiscutable aurait-elle pu entretenir une liaison avec ce parfait inconnu de trente cinq ans son cadet ?
Les enquêteurs relèvent que la "crise de folie" passée l'homme se serait lavé les mains dans une bassine d'eau (désormais rougie et laissée là dans la cuisine) Un torchon porte encore les traces de sang de la victime.
Ensuite, et malgré ce "coup de folie" dont il a fait état, il a pris le temps de fouiller toutes les pièces, vidant, avec méthode, les tiroirs des meubles pour y récupérer des bons du Trésor (valeur 1 500 frcs), des cuillères en métal, une montre et 350 francs en espèces.
Et toujours dans cet "état de folie" il aurait passé la soirée dans un bordel de Luçon.
Alors folie ou pas ?
Traduit devant la Justice, il est reconnu coupable du crime et le verdict pour ce voleur et assassin est sévère : Peine de Mort. Aucun des Jurés n'accepte de signer un recours en grâce. Son avocat fera la demande auprès du Président de la République, Albert LEBRUN, un modéré, qui la lui accorde.
Pas d'échafaud donc. Mais direction : le bagne.
Bonne Lecture,
isalucy23@orange.fr
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