jeudi 1 juin 2023

Louis MASSÉ, un meurtrier "aîné"

 BONJOUR,

Louis MASSÉ est l'aîné d'une famille installée sur l'une des plus grandes îles françaises, dans le Golfe de Gascogne, l'île d'OLÉRON. 

Son parcours n'est pas honorable. Il est chaotique. 

Ses parents sont sauniers (ou encore paludiers comme on dit à Guérande, salinier ou saulnier) sur l'île. 


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Louis MASSÉ est né en 1852, le 3 janvier à 14 h, à DOLUS (aux Allards) ; le premier né du couple. 


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Il a suivi sa scolarité à peu près normalement ; mais finalement il sait à peine lire et écrire. Il s'est fait remarquer par son mauvais caractère, son manque de sociabilité, sa mauvaise tenue, les jeux cruels qu'il réserve aux autres garçons de l'école. 

Il a un peu plus de 13 ans quand son père décide de l'envoyer à l'école des mousses afin qu'il découvre la vie en dehors de chez lui. Hélas son père décède trop précocement et ne verra pas le résultat de sa décision. 

Louis MASSÉ, désormais adolescent est intégré dans la Marine. Sa mère reste seule avec ses frères jumeaux, ses cadets, âgés de 9 ans, qui participent déjà à la maison. 

Il a 16 ans, en 1868, quand il revient voir sa famille, sa mère a du mal à le reconnaître. Le séjour sera bref : une journée et demie. Son grand-père le raccompagnera au bateau et discutera avec le capitaine qui dit du jeune homme qu'il se montre insouciant, fainéant, il n'écoute jamais les conseils qui lui sont donnés, bref, il ne fera jamais un bon marin ! Le grand-père n'est pas surpris de ces remarques.

En 1870, Louis MASSÉ est condamné pour désertion (régiment d'Infanterie de Saintes), il écope de 3 ans de travaux publics (à BREST). Ses gages sont suspendus. En 1874, gracié et dispensé de service,  il réapparaît donc chez sa mère. Mais il n'est pas meilleur laboureur que marin. 

Sa mère, lasse de son comportement fainéant, le met devant l'obligation de faire un choix : la mer ou les champs. Il repart donc en mer ; une nouvelle fois, il se fait remarquer par son mauvais caractère, son état d'ébriété quand il monte à bord....et le fait qu'il s'est mis à voler. Le capitaine de bateau, Victor RÉGNIER, prend finalement la décision de le débarquer.

C'est au printemps 1876 qu'il réapparaît dans son village, chez sa mère, sans travail et sans ressources. Il doit donc participer aux travaux de laboureur. Mais là encore ça dérape !

Alors qu'avec ses frères, Célestin DANDONNEAU participe au battage du grain, Louis MASSÉ s'en prend au jeune homme qu'il connaît depuis l'enfance. Il le pousse, une fois, deux fois, ce qui commence à agacer Célestin. Puis Louis se met à le toucher....les cheveux d'abord, le corps et plus précisément l'entrejambes...La patience de Célestin est à son comble. 

- t'es bête ou t'es fou ?

- pas aussi fou qu't'es sot !

Louis MASSÉ recommence. C'est trop demander à Célestin. Une gifle, un coup de poing, et voilà que MASSÉ se saisit d'une fourche. Célestin a senti le danger et il fuit à toutes jambes. 

Louis MASSÉ, humilié, menace, promet une revanche. Si un jour, ils ont été amis, ils sont ennemis désormais.

Le 19 septembre, 11 h du matin, la jeune Marie NADREAU, 9 ans, accompagnée de son frère cadet, Adrien, 5 ans, sont chargés de surveiller les vaches sur les bosses des marais salants à DOLUS, depuis tôt le matin. L'une des vaches s'est écartée du troupeau et s'approche trop des vignes aussi Marie a-t-elle entrepris de la ramener avec les autres. 

Ce matin-là, elle va faire la rencontre de Louis MASSÉ qui du haut de ses 24 ans ne peut qu'intimider la fillette. Il l'a aperçue et s'est avancé à grands pas vers elle. Apeurée, elle a tenté de fuir ; son jeune frère a suivi des yeux la scène et s'est mis à crier. Louis MASSÉ a brusquement changé de direction, a saisi le garçon par le bras et l'a menacé.

-je vais te jeter dans la Combe si tu cries encore."

Terrifié le jeune gamin s'est libéré et a couru à travers champ alors que Louis MASSÉ cherche sa proie. Agile, rapide, il a rattrapé Marie, l'a saisi à la gorge pour qu'elle ne crie pas. 

Il traîne la gamine devenue muette d'effroi qui se débat et le griffe. Mais la pauvre enfant va subir les assauts d'un animal qui son forfait accompli, se rhabille et part en riant.

Marie, aidée par son jeune frère qui était resté terré dans les broussailles, réussira à se relever et ensemble ils tenteront de rejoindre la maison de leurs parents éloignée d'un kilomètre. C'est l'heure du repas, quand Marie d'un pas lent entre dans la pièce et s'affale sur la pierre du foyer, sa mère pense qu'elle est souffrante. Elle aura beaucoup de mal à faire parler sa fille. Elle comprendra que celle-ci s'est fait battre par Louis MASSÉ et très vite elle prend peur. Marie a les jambes couvertes de sang. En soulevant les jupons de l'enfant la mère constate avec effroi ce que sa fille a enduré. 

Malheureusement, elle est seule avec ses enfants. Son mari ne rentre qu'à la tombée de la nuit. Trop tard pour faire venir un médecin. Trop tard aussi pour prévenir les gendarmes. 

Le médecin ne viendra que le lendemain. Il constatera les graves dommages, les épouvantables déformations des organes de l'enfant.

Mais Louis MASSÉ est toujours en liberté. Il a aimé ce viol. Trois jours plus tard, il est dans la campagne, à deux kilomètres de là.. Adeline ROBERT, 14 ans, et son frère Alexandre, 12 ans, doivent conduire deux vaches et une jeune pouliche paître dans le marais. La pouliche s'étant sauvée, Alexandre s'occupe des vaches pendant que sa soeur tente de retrouver l'animal. C'est en fait Alexandre qui découvrira que la pouliche est retournée à l'écurie où se trouve sa mère et son ami Gustave TRÉPEAU. Alexandre persuadera son copain de l'accompagner afin d'en avertir sa soeur Adeline. Plus d'une heure déjà s'est écoulée. En arrivant près des lieux, les deux garçons ont aperçus s'éloignant de là, Louis MASSÉ. Gustave l'a reconnu, c'est un cousin. Mais peu rassuré, Alexandre préfère rentrer chercher son père. Gustave, resté là, a suivi des yeux l'homme qui s'est dirigé vers un tas de sel qu'il a découvert avant de tout remettre en place et de s'éloigner.

Quand Louis ROBERT apprend de la bouche de son fils qu'il a perdu sa soeur, il a d'abord un mouvement de colère mais vite se ressaisit et s'inquiète quand Alexandre parle d'un individu qui rôdait dans les fourrés. Le père et le fils rejoignent Gustave et tout en appelant "Adeline" s'approchent des haies de tamaris. Un épouvantable spectacle s'offre à eux. 

Adeline, allongée sur le sol, les yeux ouverts, ternes, la bouche recouverte d'un mouchoir, les bras le long du corps, est là. Sa gorge porte une entaille d'où s'écoule le sang. On lui a ôté ses boucles d'oreille. Ses vêtements rabattus soigneusement sur ses jambes sont également trempés de sang. Louis ROBERT dans un dernier sursaut de courage soulève les jupons de sa fille et recule pris d'effroi. Elle a une branche de tamaris entre les jambes. Son ventre est ouvert du nombril aux parties sexuelles. Les entrailles sortent du bas ventre.

Gustave TRÉPEAU a compris ce que son cousin a fait. Le village est au courant des malheurs de la jeune Marie NADREAU et le nom de Louis MASSÉ circule. 

Le père de famille se rend chez la veuve MASSÉ qui en apprenant ce nouveau méfait est horrifiée et désespérée d'avoir enfanter un monstre....mais le monstre en question n'est pas là. 

Les villageois entourent bientôt la famille d'Adeline. Les gendarmes sont prévenus. Mais ce sont les jumeaux MASSÉ, ses propres frères, qui le retrouveront et procèderont tant bien que mal à son arrestation à la Grande Aiguille. Le père de la victime  qui a laissé le corps de sa fille sous bonne garde, se joindra à eux pour l'arraisonner ; il y aura une lutte féroce et afin de le maintenir en place, en attendant l'arrivée des gendarmes, ils devront le ficeler avec une corde et l'attacher le long d'une poutre métallique, pour éviter qu'il ne s'échappe. 

Les gendarmes après l'avoir fouillé procèderont à un premier interrogatoire. 

Le Juge d'Instruction de MARENNES se rendra sur place et interrogera à son tour Louis MASSÉ sur les motifs de ses actes avant de procéder à son arrestation dans une cellule de la caserne de St PIERRE. 

L'autopsie pratiquée révèlera que la jeune Adeline n'est pas morte des horribles sévices qu'elle a subis ; elle a été étranglée. Si l'on a bien retrouvé du sperme sur ses vêtements, il n'y a pas eu viol pourtant.

Le procès qui va s'ouvrir le 17 novembre 1876 va scandaliser les jurés et le public. Louis MASSÉ est arrogant, c'est avec un cynisme dégoûtant et une incroyable audace qu'il va répondre aux questions qui lui seront posées. Le Procureur réclamera la peine de Mort. L'avocat de la Défense plaidera le coup de folie. 

La Peine de Mort le fera sourire.

Un mois plus tard, le Président de la République, Patrice de Mac MAHON, lui offre sa grâce.

La peine est ainsi commuée en Travaux Forcés à perpétuité. 


Il embarque sur La LOIRE en Avril 1877 pour la Nouvelle CALÉDONIE au départ de la ROCHELLE, le bateau s'arrête à l' Ile d'AIX, une nouvelle escale à TÉNÉRIFE ; plus d'un mois de traversée ; NOUMÉA : arrivée le 6 mai où 359 des 360 prisonniers débarquent. On déplore un décès.

Moins d'un an plus tard, Louis MASSÉ fait une première tentative d'évasion ce qui lui vaut 2 ans de plus avec le port d'une double chaîne.   Mais qu'est-ce que c'est 2 ans quand on a pris "perpétuité" ? 

Il y aura 4 autres tentatives d'évasion  et à chaque fois désormais : "5 ans de plus".   

Et pourtant, en 1906, perpète n'est plus perpète, il aura le droit de voir sa peine commuée en "15 ans"....

Il n'en profitera pas. Louis MASSÉ meurt en Nouvelle Calédonie, le 24 juin 1914.

Bonne Lecture,

isalucy23@orange.fr

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