Les Bonnes PAPIN

BONJOUR,

L'été est le meilleur moment pour lire, surtout si vous êtes en vacances....

S'agit-il d'un Roman ? ...Alors si cela en est un...il est bien Noir.

À l'époque du Charleston, au début des années Swing...Mais il ne s'agit pas de danse. Car nos deux expertes en travaux ménagers s'abstiennent de sortir et vivent au sein d'une grande maison cossue, Rue Bruyère, au Mans, chez les LANCELIN dont le chef de famille : René est un ancien avoué qui connaît, à cette époque, une crise financière qui affecte quelque peu son épouse : Léonie Denise Marie RINJARD ; M. LANCELIN est compromis dans un scandale financier concernant le comptoir d'Escompte.

Léonie est la fille d'un avoué et la petite fille d'un médecin de Mondoubleau dans le Loir et Cher. À son mariage célébré en 1900, dans la Sarthe, elle a suivi son époux et ils sont désormais installés dans une grande maison au Mans. La fille aînée du couple : Madeleine a épousé un notaire. Reste avec eux : Geneviève, 27 ans, la cadette, qui fera sans aucun doute un aussi beau mariage que sa soeur.

VÉNUS est au M.C. : la force de séduction de notre native est grande et joue un rôle important dans sa réussite sociale, suscitant l'admiration. Avec MERCURE et URANUS conjoints et MARS carré à la LUNE, on a ici une native originale, inventive, quelque peu entêtée, téméraire, nerveuse, excentrique, impatiente, irritable.

Léonie a à son service depuis 6 ans déjà, 2 soeurs : Léa et Christine PAPIN. 

12° Taureau...près d'elle deux femmes les mains entrelacées.

Les deux soeurs ont régulièrement été abandonnées par leur mère les confiant à une tante (soeur du père) pendant 6 ans puis reprises et mises en formation jusqu'à leurs 15 ans, à l'institution du Bon Pasteur où elles ont appris notamment la couture et la broderie, placées ensuite dans des maisons d'où leur mère les déplace au gré de ses humeurs et qui empoche néanmoins les gages de ses filles. 

Christine est entrée la première chez les notables du Mans. Elle est nourrie, logée, blanchie et bien payée. D'ailleurs c'est sa patronne qui veille à ce qu'elle garde son salaire et l'économise en le plaçant à la Caisse d'Épargne, empêchant ainsi sa mère d'y faire main basse. Et si cette dernière tente bien de lui faire quitter les lieux, Christine assez satisfaite de sa situation ne cherche pas de nouvel employeur.
Deux ans après leur arrivée chez les notables, sans que l'on puisse déterminer pourquoi, les deux soeurs cessent toute relation avec leur mère. (LUNE conjointe à MARS est au carré du SOLEIL chez Léa)(LUNE au carré d'URANUS chez Christine)

Léa et Christine PAPIN

Léa, la plus jeune, est née en 1911 au Mans, sous le signe de la VIERGE...signe particulièrement organisé, soigneux qui accepte volontiers les ordres et sait se montrer digne de la confiance qu'on place en elle. Léa est arrivée chez sa patronne en juin 1927, deux mois après sa soeur Christine. Elle exerce les fonctions de femme de chambre. Si quelques maladresses de sa part ont donné lieu à des réprimandes, Léa satisfait pleinement ses employeurs.

Léa en 1933

Thème de Léa - 15 Septembre 1911 au Mans 3h

Ce thème présente un très beau Cerf-Volant, un amas en VIERGE et une dominante Mercurienne avec 6 planètes  réparties entre la VIERGE et les GÉMEAUX.

Christine, la première arrivée chez les LANCELIN, est née en Mars 1905, le 8 à 3 h, au Mans, sous le signe double opposé de sa cadette : les POISSONS.  Elle a été engagée comme cuisinière mais est également chargée du ménage et du repassage du linge de la famille. Chez chacun de ses employeurs on a pu remarquer qu'elle "prend assez mal" les remontrances qu'on lui fait.

Christine en 1933

Le thème présente une accumulation des planètes sous l'Horizon, le même aspect d'opposition entre URANUS et NEPTUNE -que l'on trouve dans le thème de sa soeur, malgré les 6 ans qui les séparent, une conjonction à MERCURE qui explique peut-être l'attachement à sa soeur Léa et la LUNE BÉLIER ainsi que MARS SCORPION qui lui donnent une grande puissance de travail, la nécessité d'entreprendre et de réussir mais qui peuvent occasionner des coups de tête, des gestes brusques, des émotions fortes.

On notera néanmoins les carrés MERCURE-PLUTON et SOLEIL-PLUTON.

Dans ses monomères, degré 21 Scorpion et 30° Sagittaire : le terme "frappe" revient.

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Toutes deux sont considérées comme des employées modèles, ne demandant pas d'autorisation de sorties supplémentaires, se rendant à la messe le Dimanche où elles font ce jour-là preuve de coquetterie ; elles  restent ensemble dans leur chambre lors de leur temps libre et n'autorisent aucune intrusion de quiconque dans leur petit duo. Ce qui fait dire aux voisins qu'elles sont un peu bizarres.....voire même un peu "tapées"  ....surtout quand deux ans avant les faits, elles se rendent à la mairie pour réclamer l'émancipation de Léa tout en accusant leurs patrons de les séquestrer alors que ceux-ci sont partis en vacances, les laissant libres dans la grande demeure.

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Christine et Léa ont déjà fait l'objet de quelques remontrances de la part de leur patronne qui s'est même permise de pincer Léa. Si Léa a toléré cette punition il n'en est pas de même pour Christine qui a toujours eu du mal à accepter les remontrances de ses patrons. Et, ce 2 février 1933, pour la deuxième fois de la journée, elle a à se plaindre du fer à repasser qui occasionne des coupures électriques et l'empêche ainsi d'accomplir dans de bonnes conditions son ouvrage. Les plombs ayant sauté, il a fallu faire réparer le fer et Madame LANCELIN n'a pas apprécié la dépense. Cette nouvelle avarie ennuie terriblement Christine qui va subir les foudres de sa patronne alors qu'elle n'y est pour rien. La maison est dans l'obscurité et elles ne peuvent poursuivre leurs tâches ménagères,... d'autant qu'elles n'y connaissent rien en électricité !

Madame LANCELIN et sa fille rentrent en fin d'après-midi ; elles doivent se rendre le soir même à une invitation à dîner. C'est donc dans le noir que la mère gravit l'escalier du 1er étage. Christine vient au devant d'elle, tenant une bougie calée dans un pot sur une assiette pour empêcher de la faire goûter sur les tapis. Elle compte bien demander à sa patronne "d'arranger le fer" pour lui permettre de se mettre à jour de son labeur. Mais il semble bien que l'humeur de Madame LANCELIN soit contrariée ; les mots dérapent..des reproches injustifiés, un geste s'ensuit, un geste interprété comme un assaut, ressenti comme une agression, et alors que sa soeur Léa arrive sur cet intermède....Tout dégénère....

13° TAUREAU thème Mme LANCELIN ....deux commères s'injurient, prêtes à se frapper.

Christine PAPIN se jette sur sa patronne, elles s'empoignent, se boxent, Christine enfonce ses doigts dans les orbites oculaires de son assaillante et lui arrache un oeil la faisant hurler de douleur...Léa, s'est interposée entre la fille venue au secours de sa mère et à son tour lui réserve le même sort. Puis toutes deux s'arment de marteau et de couteau trouvés dans la cuisine et comme si elles devaient préparer un lapin, "les arrangent" en leur assénant des coups sur le crâne et les entaillent de plusieurs coups de couteau aux membres.

Madame LANCELIN vit une période difficile : SATURNE est opposé à la LUNE Natale. PLUTON séjourne en Maison 8. Un aspect de naissance se renouvelle en Maison 10 (conjonction MARS-NEPTUNE). La LUNE, à l'heure où elle se dispute avec ses employées, transite la conjonction natale : MARS-NEPTUNE en Maison 6.

C'est un vrai carnage auquel vont assister le mari, le beau-frère et les gendarmes après avoir réussi à pénétrer dans la maison aux portes bien verrouillées. Inquiets pour le sort de leur personnel, ils découvriront les deux filles dans leur chambre, toilettées, serrées l'une contre l'autre, nues sous leur peignoir, ayant conservé par devers elles le marteau souillé de sang des victimes. 

C'est sans motif et sans préméditation diront-elles en s'accusant du meurtre des deux femmes. 

Le Petit Journal

Au procès, Christine modifiera sa version et s'accusera seule des meurtres. 

Le procès ouvert 6 mois plus tard dure 25 semaines. Le tribunal ne tient pas compte de la demande d'une nouvelle expertise psychiatrique. 

Christine est condamnée à la peine capitale. Léa prend 10 ans de travaux forcés et 20 ans d'interdiction de séjour dans  la région. Christine obtiendra une grâce présidentielle, sa peine sera commuée en travaux forcés à perpétuité. 

Elle sera conduite à la prison de Rennes mais particulièrement atteinte par ces meurtres, elle sombre dans la dépression et refuse de se nourrir ; moins d'un an et demi après le crime, elle est hospitalisée en psychiatrie pour schizophrénie, se murant dans le silence ; elle meurt 3 ans plus tard de cachexie vésanique. Elle a 32 ans. 

Sa soeur Léa, libérée en 1943, retrouve sa mère et un emploi dans les Grands Hôtels de l'Ouest. L'âge de la retraite bien avancée, elle est accueillie par un couple comme "mamie" pour leurs enfants. Elle meurt à 89 ans à Nantes où elle est enterrée.

Bonne Lecture,

isalucy23@orange.fr