mercredi 10 mars 2021

PAIMBU ou "Pas Vu" ?

  BONJOUR,


Notre personnage de la photo est né le 13 février 1908 en Loire Atlantique, dans un petit bourg situé le long de la Vilaine : Massérac,  séparé du département de l'Ille et Vilaine par sa rivière.



Nous sommes en été 1932. Il vient de se faire interpeller pour meurtre.  Mais le jeune homme de 24 ans est un malin. Il a su se créer un alibi de taille qui a perturbé un temps....mais un temps seulement....les policiers de Rennes chargés de l'enquête.

Notre homme : Louis COUÉ est né le 13 février 1908 à 21 h à Massérac (44-Loire Inférieure) comme on peut le lire sur son acte de naissance (archives de Loire Atlantique) :





Avant cela, il leur a fallu explorer toutes les hypothèses, remonter le temps, refaire le chemin à l'envers, l'itinéraire de la victime, l'homme trouvé sur la route neuve, le chemin entre Plessix et le bourg. 

Joseph ÉTIENNE est un homme sympathique, propriétaire exploitant de 59 ans, il est marié et sa fille Marie qui vient d'avoir 18 ans vit encore chez lui. C'est un homme travailleur, robuste qui à peine marié a été rappelé par son pays pour se rendre au front, contre l'ennemi allemand, laissant derrière lui sa jeune épouse et ses deux jeunes enfants. De retour dans son village, il a beaucoup travaillé pour se bâtir à lui et à sa famille une vie tranquille. Affable, il n'avait aucun ennemi, aucun rival. Il a su nouer avec ses voisins et sa famille des liens d'amitié solides. 
Alors quand on a retrouvé son corps inerte sur le chemin creux,  ses poches fouillées, son portefeuille retrouvé non loin....on a d'abord pensé à un crime de rôdeur. Le coup porté à la tête avait été donné par derrière. Violemment.
Mais le butin était bien maigre, 5 ou 6 francs tout au plus.


Ce dimanche, il s'était levé tôt pour se rendre à la Première messe,  à pied il alla chez son beau frère à Rolland pour lui acheter du foin pour ses bêtes, il y passa une heure puis s'en retourna, sur le chemin il croisa quelques bons copains, des connaissances avec qui il resta bavarder encore un peu...C'était Dimanche, jour de repos, il profitait de son temps libre. L'après-midi passa ainsi. Vers 19 h il fit un bout de chemin avec le père ROQUET près de Laspé, croisa le chemin d'un vieux camarade de classe : François ÉTIENNE. Le père ROQUET les quitta quand il fut question d'aller boire un verre chez François à Goisbeaux...Après la chopine, Joseph ÉTIENNE reprit la route du retour,  en utilisant le chemin de servitude longeant la voie ferrée ; en arrivant au Plessis, il semble n'avoir été vu de personne ; la soirée était bien avancée ; 22 h sonnait quand il atteignit... sans doute... la route neuve. 

Sa femme et sa fille s'inquiétaient bien sûr mais c'était Dimanche...Il avait du traîner un peu. Elles ont hésité à aller se coucher, sont restées au coin de la cheminée. Il n'allait plus tarder. Mais quand l'aube se leva, elles décidèrent d'aller au devant de lui puis après avoir parcouru un kilomètre, revenaient à la ferme, repartant dans une autre direction, revenant sans l'avoir croisé...

C'est son ami Emmanuel LAISNÉ, hélé par deux jeunes filles qui venaient de découvrir le corps du fermier étendu au milieu du chemin, qui hissa sur sa brouette l'homme blessé et le ramena à sa ferme dans la matinée.

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LION, Joseph Marie ÉTIENNE  est né le 21 juillet 1872 à 4 h du matin à Massérac (44)

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Durant 48 heures, Joseph ÉTIENNE tenta de répondre aux questions posées....Qui ? Qui t'a fait ça ?    Un mot revenait "c'est....Paimbu"  que certains interprétèrent par "sais pas..pas vu"....!

PAIMBU, c'est le village de Louis COUÉ, connu pour ses frasques. C'est également Louis COUÉ qui l'année passée est venu demander au Père ÉTIENNE, la main de sa fille.....Unique fille que Joseph ÉTIENNE n'avait certes pas envie de voir tripotée par un malotru....cette espèce de dégénéré qui de surcroît aurait hérité par la suite de ses biens....NON...! la réponse du père avait été définitive.

Les policiers pensaient tenir leur homme mais ce dernier avait un alibi, il était dans le train pour se rendre à Rennes.....Mais ! renseignement pris sur le trajet du train indiqué ....un arrêt de 40 minutes avait eu lieu non loin du lieu de l'attaque.  

Interrogé avec empressement, Louis COUÉ finit par avouer qu'il avait rencontré le père de sa dulcinée sur le chemin, qu'une altercation eut lieu, qu'il porta de violents coups au vieil homme qu'il délesta du contenu de son portefeuille avant de sauter dans le train de marchandises qui repartait vers Rennes, se donnant ainsi un alibi.

En 1932, plus d'envoi vers le bagne...plus de guillotine non plus...Alors dans quelle prison a-t-il purgé la peine que le Tribunal lui infligea...Qu'advint-il de lui durant la Seconde Guerre ? 


Bonne Lecture,


isalucy23@orange.fr


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