mercredi 10 mars 2021

Le cureur de puits Théodore MILLOT

  BONJOUR,

Voici : Théodore MILLOT, la trentaine maintenant... doté d'une barbe rousse fournie et d'une longue tignasse, il a fait deux années dans le régiment des Zouaves durant la guerre de Crimée. Alors les surnoms affluent : "le grand rouquin", "le Zouave",...

Son métier actuel : cureur de puits (SOLEIL-PLUTON conjoint) mais il peut aussi faire des travaux de maçonnerie.

Il est marié depuis peu (1856) avec une lingère ; il a reconnu l'enfant qu'il lui a fait deux ans auparavant alors qu'elle était mineure. Il est vrai que depuis que ses parents sont décédés (1855) peu après celle de son frère aîné (1852) il s'est trouvé bien seul. 

Depuis la lingère est devenue éleveuse de volailles.....ça nourrit son monde !

Mais notre homme est malhonnête et après quelques méfaits, quelques vols, on le retrouve durant l'hiver 1859 en cellule. C'est sa 5ème condamnation.

Il recouvre donc la liberté au début février 1860 ; huit jours avant les faits, le garde champêtre se souvient l'avoir surpris dans le bois face à la tuilerie de Chemeteau ; un autre se rappelle l'avoir vu à Fossoy, le 11 février, dans une auberge à l'heure du déjeuner puis dans l'après-midi chez le maréchal ferrant ; lors de leur conversation sur l'horrible crime de Fontainebleau datant de quelques semaines déjà, son intervention avait choqué. 

Un fermier de Saint SÉROTIN l'a trouvé dans sa grange, le 13 février, couché dans son foin.

Le 16 au soir, le limonadier de Voulx, COLLIN, se souviendra qu'il lui manquait un couteau bien effilé après son passage dans son auberge.

Le 17, Théodore MILLOT déjeune chez le Sieur ROUSSELOT à Thoury Férottes ; avant son départ, il demande une bougie, une chandelle qui doit lui servir à graisser ses pieds gelés lors de la guerre à laquelle il a participé.

Madame CLERET qui a eu à faire avec l'homme, l'année précédente, pour curer son puits s'était faite plumer comme un pigeon par notre rouquin. Depuis une semaine, son chien qui habituellement dort auprès d'elle dans la chambre, l' importune par ses aboiements incessants ; elle prend donc la décision de se priver de sa compagnie et l'attache dans une écurie, loin de la maison.

Le 18, il fait un bout de chemin avec un sieur BOUCHOT qui le conduit à Vallery, en fin d'après midi.

Dans la soirée, il croise un couple et n'y prête pas attention.....La femme (du garde particulier) l'a reconnu ce grand rouquin. Tout comme Sally MacKeone qui indisposée est sortie prendre l'air dans le jardin du presbytère.

Alors quand le 19, au matin, les MARQUIS, inquiets de ne pas voir leur patronne Clotilde CLÉRET s'affairer à l'étage de sa maison,  vont s'aventurer dans la demeure de la vieille dame et découvrir le "bazar" ....un nom déjà court sur les lèvres....MILLOT.

 Ils iront rapidement chercher du secours auprès de voisins et prévenir les autorités

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Éléments : EAU M.C.et ASC+ 3  soit 5       FEU 3  TERRE 2   AIR 2 




Nous avons là un affabulateur, un inventeur de faits,....Il a réponse à tout, ne se laisse jamais surprendre par une question.....Ce n'est pas un conteur...C'est un menteur, un voleur, un escroc.

NEPTUNE y est certainement pour beaucoup : 

SOLEIL carré NEPTUNE-LUNE carré NEPTUNE-ASC opposé NEPTUNE- MC POISSONS-

On dit de lui qu'il est "la terreur du canton" 

MARS carré PLUTON - SOLEIL BÉLIER conjoint à PLUTON - MARS opposé à l'ASC.

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La femme MARQUIS qui vit avec son époux (contremaître) au rez-de-chaussée de la grande bâtisse, est montée la première chez sa patronne, Mme CLÉRET. 

L'échelle dressée contre la façade sous la fenêtre de la cuisine du premier étage laissée grande ouverte l'a interpellée. 

En voyant le désordre de la pièce, son sang s'est glacé. La veuve dans sa chemise de nuit gît au pied de son lit au bas duquel on remarque une bûche de bois ; des tiroirs sont déposés sur les draps. La vieille femme est encore couverte du bonnet de nuit maculé de sang, Son visage est violet et tuméfié. Son cou porte des traces de strangulation. 

Une deuxième échelle est adossée au poulailler. Des traces de pas sont bien visibles dans la neige, ce matin-là. Cela suppose que l'individu -un seul- s'est échappé de la propriété en grimpant sur le toit et en sautant le mur de l'enceinte.


Les gendarmes chargés de l'enquête et arrivés promptement sur les lieux, étudient avec sérieux tous les éléments : 
  • traces de pieds -nus-dans la maison -pour ne pas faire de bruit-
  • 2 allumettes chimiques et une large empreinte de suie -laissée par la chandelle-
  • des traces de sang sur le plancher de la cuisine, du corridor et de la salle à manger -l'assassin s'est blessé- 
  • le secrétaire dont les planches du fond ont été brisées, semble être le seul meuble ayant attiré l'attention du ou des voleurs
  • le carnet de comptes de la veuve CLÉRET permet d'évaluer le montant du vol : 220 frcs
  • aucun bijou, ni objet de valeur n'a été dérobé.
  • près du lit, on a approché un vieux fauteuil, une chaise de bois sur laquelle on a entassé papiers et chiffons et on y a mis le feu..... la paille de la chaise a brûlé,  le rideau du lit s'est consumé mais on ne sait par quel concours de circonstances, le feu n'a pas pris au reste de la pièce....
  • On trouve à proximité de la propriété un couteau qui ressemble fort à celui volé au limonadier de Voulx.

Théodore MILLOT est rentré chez lui dans la matinée. Les voisins ont remarqué sa pâleur et son accablement. Il se plaint de fièvre et ne peut avaler le moindre aliment que son épouse lui a préparé. Il met cet état sur le compte d'une dans un puits de 17 pieds de profondeur.
Quand les policiers viennent l'interroger, ils notent que son front et ses mains portent des marques de griffures....Il dit avoir tué des poulets pour son épouse....mais on ne trouve pas trace de poulets préparés.
La nuit ...il l'a passée dans une auberge d'Égreville, à 30 kms de là, sans pouvoir préciser laquelle, et assure être rentré en voiture jusqu'à Montereau puis avoir fini son trajet à pied. L'enquête auprès du chauffeur et des passagers démontrera qu'il n'était pas là ce 19 février.

Interrogé à son tour, le propriétaire des lieux déclare aux gendarmes que MILLOT, son locataire, s'est acquitté ce matin-là, d'un arriéré de loyers : 73 francs.
On retrouve au domicile du cureur la somme de 182 francs. Agnès VEAU, l'épouse, éleveuse de volaille, prétendra avoir eu 35 frcs de son commerce. 
Pour les gendarmes, le compte est bon : 182 frcs + 73 frc de loyers - 35 de ventes  = 220 frcs volés

Agnès VEAU dira avoir reçu de son époux un petit porte-monnaie en peau de daim avec fermoir en acier....Celui-là même qu'Henri HATHIER, petit fils de Clotilde CLÉRET, a offert à sa grand-mère. Le jeune homme précisera qu'une petite tâche d'encre est visible sur le cuir. 
Vérification faite, il s'agit bien du présent.

MILLOT s'empêtre dans ses déclarations : faux alibis, explications alambiquées, ...
Présenté devant un Juge, il simule la folie....
Les médecins chargés de l'examiner concluront que l'homme est parfaitement lucide et même s'il persiste à nier, son procès aura bien lieu six mois plus tard.

La Justice traite donc de l'affaire devant les tribunaux de SENS, les 27 et 28 août 1860 ; le travail de l'avocat de la défense est difficile. Un récidiviste, un crime monstrueux, ...des charges à remettre en cause.
Le couperet tombe  et pourtant Théodore MILLOT reste persuadé que sa peine sera commuée...

Il se fait bien à la prison, il se nourrit bien, prend de l'embonpoint. 
Un mois plus tard, on le convie à quitter la cellule pour....SENS ou PARIS ?  Il grimpe donc confiant dans une voiture cellulaire en direction de la maison d'arrêt. Il remarque bien la foule agglutinée sur les trottoirs.

À l'aube du mardi 2 octobre 1860, le greffier lui signifie 
  • le rejet du pourvoi, 
  • le refus du recours en grâce, 
  • l'application de la peine.......la peine de mort.

On eut recours à plusieurs officiers pour calmer l'homme déchaîné, sujet à une crise d'une rare violence.
C'est prostré, qu'il fut porté à bord de la charrette dans laquelle avaient pris place les ecclésiastiques. Au pied de l'échafaud, il semble bien qu'il se soit évanoui. Sous la lame, le BÉLIER donne l'impression de se débattre.

La foule, elle, frissonne.





Bonne Lecture, 

(cette histoire fait partie des affaires criminelles évoquées dans le livre d'Alain DOMMANGET)


isalucy23@orange.fr

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