mercredi 10 mars 2021

La ferme rouge de JULLY

  BONJOUR,


1909 lundi 13 décembre, à JULLY, une foule immense accompagne 3 chariots à travers le hameau des Forges jusqu'au hameau de la Maine où se trouvent l'église et le cimetière où va se tenir une émouvante cérémonie.


Ce jour-là, on enterre un couple de fermiers, leur servante, le valet de ferme et le garçon de culture.

Trois jours plus tôt, ils ont trouvé la mort dans la ferme au Château qui deviendra bientôt : la Ferme Rouge.



Charles VERRIÈRE est né le 4 Novembre 1870 à Jully à 19 h



il a épousé Marie Émelina Ambroisine PERDU en 1899 à Bierry les Belles Fontaines.

Marie Émelina Ambroisine est née le 29 Novembre 1870 à ANNOUX à 14 h




Le couple d'agriculteurs vit dans la ferme au hameau  des Forges, un ancien château ; ils sont les parents de 3 filles et un garçon : 


Solange (1900) Renée (1901) Olympe (1903) Olivier (1904)


Dans cette ferme, ce 10 décembre 1909, vers 18 h, un drame se joue et c'est Louis IMBERT, 16 ans, domestique, seul rescapé qui donnera l'alerte en se réfugiant -tout ensanglanté- au hameau de la Bergerie, auprès du couple SARDIN à qui il racontera le grand malheur....


Louis SARDIN, Paul DIDIER son voisin, Paul BONNAMY le maréchal ferrant furent les premiers à se rendre sur place et à découvrir la scène de carnage.


Dès le porche d'entrée, ils trouvèrent allongé sur le sol, dans une mare de sang, le jeune garçon de culture, Henri BONNY , 14 ans, dit "le petit cabot", la tête fracassée. (la petite croix blanche à gauche de la carte postale signale où le corps fut trouvé)


En montant en direction de la maison, sur le chemin, une autre victime la tête "en bouillie" fut trouvée. Il s'agissait du valet de ferme italien : RUSCONI, 74 ans,  tué de plusieurs coups de hache.




À gauche, de la maison, à côté de la citerne, une mare de sang encore plus grande que les autres, 



sur la margelle un couteau ensanglanté, et la jeune servante de 22 ans : Marie GOGUET, la gorge tranchée a été jetée dans la citerne d'où on l'extraira.



D'étape en étape, les 3 hommes découvrent les victimes..Mais où sont les VERRIÈRE ?

Dans l'écurie, on retrouve Charles VERRIÈRE, 39 ans ; une balle dans la nuque a traversé la moëlle épinière et s'est logée dans la langue. Il est mort sur le coup.


Ramenée dans la maison, son épouse, Marie Émelina PERDU, qui a pris une balle au-dessus de l'arcade sourcilière ; celle-ci s'est logée dans le cerveau. Elle a été atteinte à la gorge par une seconde, ce qui a entraîné une forte hémorragie pulmonaire. Mais elle est encore vivante. 



On l'a transportée à l'intérieur de sa maison, on l'a allongée sur son lit, elle a encore le courage de demander à voir ses enfants. Le petit Olivier recevra le dernier baiser de sa mère. Elle agonisera encore une heure.

Les 4 enfants apeurés sont restés près de la cheminée à attendre leurs parents qu'ils ont vainement appelés ; Ils sont indemnes.

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Il fait déjà nuit noire quand les autorités, alertées, arriveront sur les lieux....  ainsi qu'une flopée de journalistes, reporters et photographes  ; l'histoire sera relatée grâce au témoignage du jeune rescapé....et un portrait robot des deux assassins sera diffusée très largement afin qu'ils ne quittent le pays. Les battues à travers la campagne ont déjà commencé.



D'origine suisse, Joseph JACQUIARD, 16 ans, 1 m 60, châtain presque imberbe et Joseph VIENNY, 14 ans, 1 m 48, châtain, employés à la ferme avaient programmé leur méfait en vue de délester leurs patrons ; ils avaient également envisagé leur fuite....La peur les a rattrapé....ils n'ont rien pris, pressés de fuir. Ils se sont saisis des bagages préparés auparavant et ont courus à travers le parc. Mais dans leur empressement, leurs carton et valise se sont ouverts, abandonnant sur leur chemin quelques objets.

Après avoir traversé la route de Laignes, ils suivront le bois et y abandonneront leurs bagages. Dans leur affolement, ils ne se sont pas aperçus qu'ils étaient revenus sur leurs pas. Ils reprendront leur course en direction de Sennevoy le Haut, une plaine, une forêt, ils arrivent près de Paisson, Pimelles où ils demandent à une femme de leur acheter une miche de pain en lui laissant 20 sous. JACQUIARD part acheter des allumettes chez le buraliste, ils s'en serviront pour allumer un feu et tenteront de prendre un peu de repos, couchés sur une meule de foin. Le lendemain, à Ancy le Libre, le même JACQUIARD va s'acheter des sabots dans une auberge épicerie avant de suivre le canal par la rive droite. 


Le dimanche 12, la nouvelle du carnage a été répandue dans toute la région et au-delà. Le garde champêtre, Joseph LECHTHALER, 77 ans, dit "le Tyrolien" est aux aguets depuis plusieurs heures quand il voit arriver, venant du bois, deux jeunes lascars qui sont dans l'incapacité de leur fournir des papiers. Pointant son fusil vers eux, il les enjoint de le suivre sans résistance jusqu'à la mairie.




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Une récompense fut attribuée aux 2 courageux citoyens : Joseph LECHTHALER et Louis IMBERT, le jeune rescapé,  par le préfet de l'YONNE, au nom du Ministre de l'Intérieur.

Quant aux deux auteurs des crimes, ils furent présentés devant la Cour de Justice en juin 1910. Un piquet de soldats du 4ème de ligne était déployé pour éviter un lynchage.


Le plus vieux écopa de la peine de mort alors que l'autre fut condamné à 20 ans de détention. Mais le Président FALLIÈRES leur accorda une grâce et les peines furent considérablement allégées. 

Richard Joseph JACQUIARD obtint perpétuité dans un bagne ; il embarqua sur le Loire en décembre de la même année et 7 ans plus tard, décéda  (3 septembre 1917) aux îles du Salut en Guyane. 

Quant au second ???....


Bonne Lecture,


isalucy23@orange.fr







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